Commissaire d’exposition : Hugo Vitrani
Agissant par parasitage, par télescopage, par fantasme, par friction, par contre-sens ou par amitié, La morsure des termites tente une relecture spéculative de l’histoire de l’art envisagée sous le prisme du graffiti. Le graffiti non pas comme sujet ou esthétique, mais comme expérience, comme attitude, comme imaginaire, comme pensée souterraine. Une expérience de l’illégalité et des vitres brisées, de l’errance des corps en mouvement, une attirance pour les perspectives sans lumière, un romantisme du vandalisme qui prend autant soin des choses qu’il ne les abîme, une fascination pour les langages visibles ou invisibles qui se confrontent avec la matière précaire du réel, et qui se façonnent avec elle tout en la transformant.
En combinaison et rupture avec le projet Lasco, qui accueillait depuis 10 ans l’art urbain dans les espaces dérobés du Palais de Tokyo, l’exposition provoque un dialogue fragmenté, parfois cryptique, entre une cinquantaine d’artistes plus ou moins reconnu.es, voire pas du tout connu.es. Dans un essai publié en 1962, Manny Farber oppose les artistes termites aux artistes éléphants blancs. Les artistes termites s’expriment dans des pratiques plus difficiles à saisir et à manipuler.
Pensée structurellement comme une ville invisible, en référence à l’ouvrage d’Italo Calvino dont l’exposition emprunte le titre, on pénètre dans La morsure des termites comme dans la ville de Tamara : par « des rues hérissées d’enseignes qui sortent des murs », où « l’œil ne voit pas des choses mais des figures de choses qui signifient d’autres choses ».
Curator : Hugo Vitrani
Acting through interference, telescoping, fantasy, friction, counter-meaning or friendship, La morsure des termites attempts a speculative rereading of art history through the prism of graffiti. Graffiti is not a subject or an aesthetic, but an experience, an attitude, an imaginary, an underground thought. An experience of illegality and broken windows, of wandering bodies in motion, an attraction to perspectives without light, a romanticism of vandalism that cares for things as much as it damages them, a fascination with visible or invisible languages that confront the precarious matter of reality, shaping and transforming it.
Combining and breaking with the Lasco project, which for the past 10 years has hosted urban art in the hidden spaces of the Palais de Tokyo, the exhibition provokes a fragmented, sometimes cryptic, dialogue between some fifty artists of varying degrees of recognition, if any at all. In an essay published in 1962, Manny Farber opposes termite artists with white elephant artists. Termite artists express themselves in practices that are more difficult to grasp and manipulate.
Structurally conceived as an invisible city, in reference to Italo Calvino‘s work from which the exhibition borrows its title, we enter La morsure des termites as we would Tamara’s city: through « streets bristling with signs sticking out of the walls », where « the eye sees not things but figures of things that signify other things ».
Artists : Chaz Bojórquez, Aline Bouvy, A. One (Anthony Clark), Samuel Bosseur, Brassaï, André Cadere, Miriam Cahn, Sophie Calle, COCO 144, Martha Cooper, Dado (Miodrag Durić), Bruce Davidson, John Divola, Miho Dohi, Nicolas Dolto, Ida Ekblad, Mathias Enard, ENERI, Caley Feeney, Futura 2000, Richard Hambleton, Thomas Hirschhorn, Dennis Hopper, Antwan Horfee, Renaud Jerez, David L. Johnson, Margaret Kilgallen, Olivier Kosta-Théfaine, Pope.L , Mierle Laderman Ukeles, Renée Levi, Tala Madani, Mark Manders, Ari Marcopoulos, Matta, Julia Maura, MODE 2, Tania Mouraud, NOC 167, Nestor Nomakh, PHASE 2, Alexander Raczka, RAMMELLZEE, Jay Ramier, Leomi Sadler, SAEIO, Ataru Sato, SKKI©, Robert Smithson, SNAKE 1, STAY HIGH 149, Lisa Signorini, Hito Steyerl, Hervé Télémaque, Pablo Tomek & Ken Sortais, Toni, Lily van der Stokker, VALIE EXPORT, Lawrence Weiner, Marion Widcoq, Martin Wong, Gérard Zlotykamien