Lutter…
La Galerie Panis convoque une réflexion sur l’entêtement créatif comme acte de résistance. L’exposition, traversée par une tension entre érosion et persistance, interroge ces gestes qui, à contre-courant du bruit du monde, sculptent des traces dans l’éphémère. Ici, la matière n’est pas soumise mais habitée : pigments enfouis sous des strates de mémoire, surfaces altérées par le temps, artefacts réinventés en archives fragiles. Chaque œuvre dialogue avec l’impermanence, non en la nuançant, mais en exhumant sa charge de révolte.
Il s’agit d’une archéologie du présent, où le geste artistique se fait suture entre l’éphémère et l’indélébile. Des résonances surgissent — couches translucides capturant l’instant comme un fossile, empreintes lumineuses figées dans leur fuite, objets détournés en totems d’une spiritualité rebelle. La création se révèle alors phénomène d’appropriation : non pas dompter le chaos, mais l’infiltrer, y creuser des failles où germe une langue obstinée.
Entre effacement et surgissement, le corpus explore cette énergie sourde qui transfigure la chute en levée. Les oeuvres superposent les temporalités — blessures de la matière devenues motifs, accidents élevés au rang de manifestes. C’est une poétique de la cicatrice, où la fissure n’est plus faille mais frontière mouvante entre ce qui fut arraché au vide et ce que le vide réclame.
La Galerie Panis orchestre ici un dialogue entre des pratiques unies par leur refus de la dissolution. Ni fuite ni déni, mais un corps à corps avec l’évanescence : créer devient acte d’insurrection et produire, une manière de tenir debout. Lutter… propose une déambulation à la lisière — là où persister relève moins de l’espoir que d’une éthique têtue, réponse sans écho à l’amnésie du siècle.